2017-04

Depuis début avril, Mastodon, nouveau réseau social libre et décentralisé lancé par un Allemand, enregistre un afflux important d’utilisateurs.

Deviendra-t-il une alternative grand public ?

Ça a commencé à bas bruit et puis, en bonne logique virale, ça s’est emballé. Dans le flux Twitter de l’auteure de ces lignes - il est vrai peuplé d’un nombre conséquent de technophiles et de «bidouilleurs» de logiciels libres, ceux que l’on peut librement copier, utiliser et modifier -, les premières références à Mastodon sont discrètement apparues le 30 mars.

Avant de grimper en flèche les jours suivants.

Mastodon ? Non pas le groupe américain de metal, en promo pour son album Emperor of Sand, mais un réseau social nouveau, ou presque. Lancé en octobre 2016 par Eugen Rochko, un développeur allemand de 24 ans alors fraîchement sorti de l’université, Mastodon a récemment enregistré un soudain afflux d’inscrits : ils étaient quelque 20 000 il y a encore trois semaines, plus de 200 000 vendredi dernier, 365 000 mercredi midi.

Des «mastonautes» - comme les appellent les utilisateurs français, arrivés en force début avril - pour beaucoup en quête d’une alternative à Twitter, loin des algorithmes opaques qui font le tri à leur place, des tweets sponsorisés et des problèmes de harcèlement en ligne.

L’engouement de ce public geek méritait qu’on s’y penche. Première étape : choisir une «instance» pour y créer un compte. Car si Mastodon est, comme Twitter, un réseau de microblogging, son infrastructure est radicalement différente.

En lieu et place d’un service centralisé, il repose sur un ensemble de serveurs - les instances - équipés du même logiciel libre (Mastodon est d’abord un logiciel), et qui peuvent communiquer entre eux. Autrement dit, ce n’est pas une plateforme, mais une confédération.

Quel que soit l’avenir de ce work in progress, Mastodon est à tout le moins une tentative assez passionnante de proposer d’autres modalités, d’autres usages, une autre manière d’articuler une «grande conversation mondiale» qui tourne souvent au vinaigre.

Si le buzz du début avril est retombé, la croissance se poursuit.

Après le Japon, c’est l’Espagne qui, ce jeudi, s’est «fédérée». L’effervescence des premiers temps dessine tous les possibles.